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Stéphanie Alienor – Le Chamanisme de la Sorcière !
Ce qui caractérise le plus la pratique chamanique est essentiellement la transe, la guérison, le lien avec le monde des esprits, ainsi que la capacité à transmettre les messages de l’au-delà ou des autres dimensions.
Le chamanisme et l’animisme semblent être les premières formes de spiritualité de l’humanité. Les recherches dans les grottes et sites funéraires préhistoriques, comme celles des « Chamans de la préhistoire » par Lewis et Clottes, ou encore la grotte Chauvet avec son incroyable panneau des lions (dont les recherches sont en partie supervisées par Jean Clottes), nous ramènent à l’ère de l’Aurignacien, il y a environ 35 000 ans.
Plus tard, au 8ème siècle avant J.-C., les sorcières sont citées dès l’Antiquité (Circé, Sybille). Leur beauté et leur majesté y sont célébrées et décrites. Leur parole est respectée, et leur statut est égal à celui des hommes. C’est l’ère du paganisme, où dieux et déesses possédaient chacun leurs autels, temples et célébrations.
Puis vint la lutte entre le nouveau et l’ancien culte. « Le Grand Pan est mort », disaient certains auteurs dans les premiers écrits chrétiens. Ils clamaient haut et fort la chute des anciens cultes et de leurs dieux vénérés à Rome. On trimballait les dépouilles de pierres des honorables divinités pour ancrer dans les consciences que l’on entrait dans un nouvel âge. Cependant, les chrétiens ne pensèrent pas à faire de même avec la multitude de divinités indigènes, celles des bois, des montagnes, des cascades, des forêts, et celles nichées aux creux des chênes ! Celles-là ne pouvaient être expulsées, puisqu’elles trouvaient toujours quelqu’un pour les honorer, une sorcière pour leur parler. Ainsi, sorcières et anciens dieux vécurent cachés, lovés dans les profondeurs des bois, ou tapis dans les landes à danser dans les cercles de pierres levées.
Le Haut Moyen Âge marqua l’histoire par un imbroglio de conversions des peuples païens (rois barbares) à la foi chrétienne, où guerres et tentatives pacifiques de christianisation se succédèrent.
Le Moyen Âge est tristement marqué par son innommable chasse aux sorcières, à tort. Ce génocide prend sa source à la fin du Moyen Âge mais débute réellement durant la Renaissance (premier écrit ecclésiastique dans ce sens à partir du 13ème siècle). La chasse à l’hérésie, elle, a bien débuté au Moyen Âge (génocide des Cathares sous Innocent III).
On tenta d’éradiquer toute trace de paganisme ou de culture, ou bien de pensée et mode de vie qui ferait de l’ombre à la doctrine des prélats. Les principales victimes furent les femmes, guérisseuses, sage-femmes, et autres femmes libres. Une ombre aux nouvelles pensées de la Renaissance, qui tentèrent de balayer les superstitions et la lourde empreinte de la culture médiévale. « Comme s’il fallait tuer la femme pour créer l’homme moderne ». Les chiffres imprécis nous orientent autour de 100 000 victimes dans toute l’Europe. On leur reprochait d’être des jeteuses de mauvais sorts, des succubes assoiffées de luxure, de pactiser avec le démon. La vérité est que beaucoup ont été sacrifiées pour leur beauté et leur jeunesse, et offrirent un terrain de jeu à l’expérimentation sexuelle et perverse de leurs bourreaux. Une purification orchestrée de main de maître par l’Église et les pouvoirs en place. Elle s’acheva officiellement avec un édit de 1682, qui mit fin aux bûchers en France, soutenue par les penseurs, libertins et cartésiens. On comprend que dans ce contexte morbide, nombre de traditions furent quelque peu oubliées…
Un retour notoire vers les pratiques spirituelles voit le jour au cours du 19ème siècle. Le retour du néo-gothique, du néoromantisme voit l’émergence dans les milieux intellectuels, artistiques et littéraires (anglais) notamment d’un intérêt porté à l’ésotérisme, au spiritisme et à des groupes de pratiques s’apparentant plus à des Covens qu’à des cercles de réflexion. Les plus illustres sont Lovecraft, Bram Stocker, Baudelaire, et bien sûr Michelet qui est le premier à avoir redonner ses lettres de noblesse à la sorcière dans un ouvrage éponyme, bien que parfois naïf il reste touchant et poétique.
Quelques noms de références: Homère, Mme Leprince de Beaumont, Clark Ashton Smith, George Sand, et Andersen.
Homère, depuis l’Antiquité (6ème siècle av JC) nous emporte à l’ombre des temples à colonnades, via le témoignage d’Ulysse visiblement charmé. Il nous décrit une Circée irrésistible et entourée de ses lions et loups ensorcelés.
Mme Leprince de Beaumont, publia en 1758 un conte raccourci et entiché d’une morale du très célèbre « la Belle et la Bête » précédemment écrit par Mme Gabrielle-Suzanne de Villeneuve en 1740. La première version nous plonge au cœur d’un monde onirique et enchanteur, très différent de la version édulcorée que nous connaissons. On y découvre une Belle farouche. Mais aussi les origines et le devenir de la Bête. Le tout sans pruderie avec une tension sensuelle certaine puisque Belle est sollicitée tous les soirs pour l’union d’amour (et même encouragée par son propre père) Le tout chapeauté par une fantastique et très puissante fée/marraine. Preuve encore de la subsistance des vieilles croyances.
Le suivant récit est celui de Clark Ashton Smith, écrivain autodidacte californien et ami de Lovecraft. IL nous fait pénétrer dans l’univers de la très belle enchanteresse de Sylvaire. C’est un monde qui mélange légendes et paysages arthuriens, et codes de la chevalerie française dans un cadre fantastico-médiéval bizarrement très moderne. Bref une merveille ! Tout y est : potions, sombres donjons, vampires, loup-garou, landes mystérieuses, corps amoureux mais le tout dénué de violence. Une plongée au cœur de nos imaginaires romantiques et gothiques.
Enfin, écrivaine, conteuse et psychanalyste Clarissa Pinkola Estes, représente à mon sens le plus bel exemple de créatrice de récits ou de témoin interprète de la mémoire inconsciente collective du monde.
Que ce soit les « Femmes qui courent avec les loups » ou ses autres récits, tous nous plongent dans notre inconscient collectif, une étude de la psyché féminine à travers les messages cryptés des contes apparemment écrits pour les enfants. Le tout sur une base de la pensée Jungienne, qui pense que notre inconscient est façonné par la présence de nos archétypes. Notion que l’on retrouve dans le chamanisme lors d’incorporations ou de manifestations.
Retrouvez en podcast / replay l’équipe des Débats d’Arcadie réunie pour une émission spéciale sur le thème : « Le Chamanisme de la Sorcière ! ». Les adresses mails qui sont mentionnées dans les émissions en podcasts font souvent partie d’anciens médias, donc pour toutes vos questions en relation avec le thème de l’émission utilisez uniquement le formulaire de contact de la plateforme « Wicca Podcasts ».
Plan de l’émission :
• Introduction au sujet donné « le Chamanisme de la Sorcière ».
• Pourquoi ce sujet ?
• L’orientation littéraire, poétique et philosophique.
• Le lien entre le chamanisme et l’ancien culte européen : paléo-littérature (exploration rapide de certains auteurs et de leurs œuvres qui ont pour thème la sorcière et ce à travers les siècles, ce qui donne une idée sur ce qui occupe la pensée des écrivains et des poètes)
• Ce qui relient le chaman et la sorcière : leur rapport au sacré/ au divin.
• La sorcière d’aujourd’hui – la sorcière moderne et sa pratique.
• La pratique chamanique aujourd’hui devenue chamanisme sorcier : flexibilité, célébration de la roue de l’année celte…
*Vous pouvez télécharger ou écouter le replay de l’émission Débat et Libre Antenne ci-dessous…
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